On a passé une nuit le long d’une petite route près du lac de Rotorua. Jusque là ça parait sympa sauf qu’on s’était garés à proximité d’un dos d’âne. Chaque voiture qui passait accélérait juste après ou freinait juste avant selon le sens de la direction. Autant dire que ce n’a pas été une nuit très calme. Ouverture de la porte latérale, on a l’habitude à ce moment là de jauger la température ou de voir si il va pleuvoir ou si il a plu dans la nuit, mais là l’odeur de souffre qui investis nos naseaux nous rappelle qu’on est à Rotorua, la ville qui fume.

 

On fait un petit contrôle des niveaux et de la jauge. On se rend compte que l’huile est encore noire alors qu’on a fait la vidange il y a moins de 48h ! Merde, le garagiste se serait-il foutu de notre gueule en facturant 6 litres d’huile et $40 de main d’oeuvre pour rien ? Plus de data dans le téléphone, direction le mac do pour aller consulter un forum sur la mécanique pour les nuls. Au milieu des publicités qui pourrissent le site, on lit que c’est normal que l’huile redevienne noire rapidement pour un moteur diesel. On est rassurés et on s’en veut d’avoir pensé du mal de notre pote garagiste et j’me dis que j’ai bien fait de lui dire que son calendrier offert par une marque de pneu accroché dans la salle d’attente était encore à Juin alors qu’on était en Juillet.

 

On prend la route vers Wai-O-Tapu. On a entendu dire qu’il y a un geyser qui « erupt » tous les jours à 10h15 ! C’est qu’il est précis le truc

Arrivés sur place un mec attend au milieu de la route et nous indique où garer notre véhicule et acheter le billet qui nous permettra d’observer ce phénomène naturel si exceptionnel.

Giga pudding garé et nos billets à $32,50 en main on va s’asseoir dans les rangs aménagés en face de la cheminée du geyser. Comme on est arrivé tard, vers 10h10, tout le monde est déjà en position, iPhone à la main qui enregistre. On dirait que E.T. vient de se crasher dans le coin et que les villageois attendent qu’il sorte de son trou. On trouve une place dans un coin où on n’aura pas trop de têtes dans le cadre de nos photos. Je sors le trépied et je commence à entendre les gens décompter les dernières secondes jusqu’à 10h15. Je fais tomber un de mes objectifs sur le sol au passage en me disant que c’est mort pour LA photo du geyser qui gicle… Mais il ne se passe rien. Quelques dizaines de secondes plus tard le mec qui nous attendait au milieu de la route précédemment enjambe la barrière et s’approche du geyser. Il commence à nous raconter l’histoire de l’endroit, à savoir (d’après ce qu’on a compris) qu’il y avait des prisonniers qui replantaient la forêt et le gardien se prélassait dans la source d’eau chaude ou est maintenant le geyser et une fois l’eau à jailli, propulsant le gardien. Voilà c’était la version courte, mais pour $32,50 par personne, ils auraient pu embaucher des meilleurs scénaristes.

Le mec explique ensuite que le geyser peut se déclencher naturellement toute les 72h mais qu’ils le déclenchent manuellement. J’étais toujours en train de faire mes réglages photos pour ne pas rater LE moment donc j’ai pas trop entendu/compris comment ils justifiait ça mais toujours est-il qu’il s’est empressé de sortir un sac en papier rempli d’un bloc de savon qui devait faire réagir l’eau dans la fosse du geyser et le faire jaillir.

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Une fois le produit chimique balancé dans le trou (en moins d’une seconde pour ne pas trop qu’il y ait de photos sûrement) le mec nous a dit de préparer nos appareils parce que ça allait être bref. À ce moment là tout ceux qui filmaient avec leurs téléphones ne devaient plus avoir de mémoire.

Le mec s’est tiré et il y a commencé à avoir de la mousse, puis de l’eau qui sortait du trou, puis le geyser a enfin balancé la sauce !

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Là tout le monde était en extase, on ne voyait rien du tout parce que le ciel était blanc et que l’eau propulsée était blanche aussi. Les ados qui portaient l’appareil photo semi-pro que je ne pourrais jamais m’offrir appuyaient frénétiquement sur le déclencheur pour immortaliser le moment à $32,50, le tout en mode Auto et avec le flash. Alors que le geyser était en train de donner tout ce qu’il avait au fin fond de sa fosse sceptique, d’autres se mettaient dos au spectacle pour pouvoir raconter qu’ils y étaient ! Le tout devait être uploadé sur facebook ou twitter dans la minute qui suivait. À ce propos, alors que le geyser faisait son possible pour ne pas qu’on ait trop l’impression d’être tombés dans un attrape-touriste, les touristes eux-mêmes commençaient déjà a quitter les rangs. Après tout, la photo de la petite famille devant le geyser une fois dans la boite il n’y a plus grand intérêt à rester. On a donc pu profiter avec quelques autres personnes du spectacle qui continuait.

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Quand le geyser s’est vraiment calmé on a enchaîné avec la suite de la « visite ». Ici ils commencent avec le clou du spectacle et après on part pour une petite rando dans les forêts fumantes de souffre et autres composés chimiques plus ou moins nocifs.

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Pas de visites guidées proposées, juste un chemin mal entretenu.

Là dedans on a pu voir des bains de boue en tout genre, des trous béants formés par l’érosion de l’eau en ébullition, des gaz qui sortent du sol, des trous d’eau colorés, des chutes d’eau bouillantes…

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Tout ça n’avait pas vraiment d’intérêt puisqu’en vadrouillant par nous même dans Rotorua la veille on avait déjà vu le même genre de choses, et de façon gratuite.

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  « Vas-y Gino, fais la photo devant… rien.« 

 

Le seul « wow » qu’on a lâché pendant cette visite (oui, parce que le « wow » de quand on a entendu le prix de la visite on ne le compte pas) c’était la champagne pool. Un trou d’eau qui offre des couleurs assez irréelles. De l’eau verte fumante avec de dépôts orange vif qui créé des produits chimiques plus ou moins dangereux et aussi de l’or et de l’argent.

Wai-o-tapu, geyser et mares colorées

Mais il ne vaut mieux pas s’aventurer dedans vu que le liquide est à 72°. En fin de visite une sorte de marre arbore une couleur assez immonde et indéfinissable. La nature est épatante !

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On fini la visite au bout de 2h30 de marche sous la bruine et dans les odeurs de souffre. On se croirait en train de marcher à Lille un lendemain matin de braderie au moment où les éboueurs nettoient la ville.

Pour conclure sur Wai-O-Tapu, on ne conseille pas vraiment d’y aller. On a cherché avec le peu d’accès à internet qu’on pouvait avoir si le geyser se déclenchait naturellement mais aucune brochure ou site ne le mentionnait. En arrivant sur place on se sent forcément arnaqué puisqu’ils jouent sur ambiguïté du fait qu’il jaillisse tous les jours vers 10h15. (Au passage, cette heure n’est pas choisie au hasard, de cette façon après la petite promenade dans le parc on a vite faim et le petit resto nous attend comme par magie au bout du chemin…)

Mais la champagne pool est vraiment impressionnante et si vous êtes de passage et venu jusqu’en Nouvelle-Zélande ces $32,50 peuvent valoir le coup pour en voir un maximum en peu de temps. Pour ceux qui ont le temps, passez donc une journée ou deux à explorer la zone de Rotorua. Et si vous ne comptez pas venir en Nouvelle-Zélande, balancez donc quelques Mentos dans une bouteille de Coca Light, ça sera tout aussi impressionnant et beaucoup plus marrant !