Après notre exploration du Salar de Uyuni, le suite du plan était simple :

  • Direction la ville d’Uyuni. Les 4 personnes qui nous accompagnent pendant le tour restent en Bolivie pour prendre un bus vers le Nord du Pays. Notre chauffeur Gilmar rentre chez lui pour un repos bien mérité.
  • Un autre chauffeur nous récupère rapidement et on repart pour quelques heures de route en direction du Chili jusqu’à un hôtel où l’on pourra manger et se reposer.
  • Le lendemain matin, on reprend la route jusqu’à notre destination finale : San Pedro de Atacama au Chili.

Sur le papier, tout devait se passer facilement et sans encombre. Évidemment, rien ne s’est passé comme prévu…

NB : Si vous n’aimez pas lire les longs articles, passez votre chemin. Vous vous apprêtez à  ingurgiter 3900 mots racontant les péripéties de voyageurs bloqués en Bolivie. Aucune information « utile », juste de l’anecdote de voyage !

Nous sommes encore sur le Salar de Uyuni. Nous préparons donc à rejoindre la ville d’Uyuni et à changer de chauffeur. On n’est pas dans un très bon état à cause du mal d’altitude (migraine, vertige, nausée, fatigue intense, essoufflement). On ressemble à deux très vieux zombies desséchés par le sel. Les paysages qu’on vient de voir étaient sublimes mais on a hâte de pouvoir se reposer un peu. Forcement, le destin en a décidé autrement…

sud lipez

Problème n°1 : les élections en Bolivie

Gilmar notre chauffeur nous annonce que des élections se tiennent aujourd’hui. En Bolivie, quand il y a des élections, il est illégal d’utiliser un véhicule motorisé. Tout le monde doit aller voter à pied, dans le bureau de vote le plus proche. La circulation est complètement bloquée et ne reprend qu’à la fermeture des bureaux de vote. La plupart des commerces doivent fermer. Jusqu’à présent ça ne posait pas de problème parce qu’on était dans le fin fond du désert. Mais retourner en ville est risqué. Si un policier nous aperçoit, le 4×4 risque d’être immobilisé et on pourrait avoir des soucis (amende, garde à vue…).

Problème n°2 : Notre chauffeur doit rentrer à Uyuni pour voter

En Bolivie, le vote est obligatoire. Si notre chauffeur ne va pas voter, son salaire sera gelé. Soit on reste sur le désert de sel mais Gilmar sera privé de son salaire pour les 3 prochains mois, soit on rentre en ville au risque de se faire arrêter par les policiers…

On aime bien marcher, mais on ne se sent pas de faire la cinquantaine de kilomètres qui nous sépare de la ville à pied, avec nos sacs à dos et nos six litres d’eau. Sans compter qu’on est en altitude, dans un désert de sel blanc de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Si on ne se perd pas, on risque de ressembler à des écrevisses à la fin de la randonnée avec la réflexion du soleil.

Problème n°3 : Ne pas se faire repérer par les flics

La décision est prise (on n’a pas vraiment eu le choix en fait), nous allons devoir rejoindre la ville d’Uyuni en 4×4 sans nous faire choper par la Policía Nacional de Bolivia. Oui mais un 4×4 dans le désert, ça fait de la poussière. On est repérable à des kilomètres.

dust 4wd

On roule donc extrêmement lentement, en faisant le moins de bruit possible, à l’affût de tout signe de patrouille de flics. Fini la musique bolivienne, on ose à peine respirer… On coupe la route à travers les dunes, évitant les pistes du désert. L’ambiance est tendue dans le 4×4.

Gilmar passe son temps au téléphone pour essayer d’avoir des infos sur le positionnement des policiers. On se croirait dans Starsky et Hutch ♪ tadadadadadada ♫

À une vingtaine de kilomètres de la ville on doit passer par un mini-tunnel pour rejoindre une route secondaire qui mène à Uyuni. Gilmar hésite. On ne voit pas trop ce qui se passe de l’autre côté. Il s’approche lentement quand un policier sort le bout de son nez… Oops! On s’est fait griller. Ce dernier nous fait signe de sortir du véhicule.

« Mierda ! »

Panique et rire nerveux dans l’équipage du 4×4. Gilmar part à la rencontre du policier, la queue entre les jambes, ne sachant pas trop à quelle sauce il va être mangé.

On voit notre pauvre Gilmar se faire gronder comme un enfant par le policier

On voit notre pauvre Gilmar se faire gronder comme un enfant par le policier

Problème n°4 : Réussir à soudoyer le policier

Nous nous retrouvons seuls dans le 4×4. On craint le pire : amende, emprisonnement, bloqués jusqu’à nouvel ordre? Gilmar a disparu dans le tunnel avec le policier depuis quelques minutes déjà. En Bolivie la police a mauvaise réputation : arnaque aux touristes, corrompue, inefficace (pas étonnant quand on voit la qualité des portraits robots qu’ils produisent, héhé).

De longues minutes s’écoulent avant que Gilmar ne revienne vers la voiture, un demi-sourire aux lèvres :

« C’est bon, je lui ai filé 50 Bolivianos pour qu’il nous laisse tranquille. On va faire un détour car le policier m’a dit qu’il y avait d’autres patrouilles dans cette direction. »

On coupe à travers des dunes désertes, des chemins abandonnés, toujours à une vitesse d’escargot.

On atteint enfin la ville. Gilmar se gare complètement à l’extérieur de la ville d’Uyuni. « Maintenant il va falloir marcher », nous lance-t-il.

uyuni desert

Problème n°5 : Se retrouver coincé en ville

Maintenant qu’on est arrivé en ville, on ne sait pas quoi faireOn ne peut s’en aller avec l’autre chauffeur qu’à partir de 18h (quand la circulation sera de nouveau autorisée).

uyuni city

Gilmar nous demande de laisser nos sacs à dos et bidons d’eau dans sa voiture. L’échange de chauffeur devrait se faire dans cette ruelle perdue, pas besoin de s’encombrer pour le reste de la journée. Les 4 filles qui voyagent avec nous prennent leurs affaires vu que le tour s’arrête ici pour elles et qu’elles ont un bus qui les attend. On se dirige tous ensemble vers le centre-ville pour essayer de comprendre comment va se passer le reste de la journée.

En route mauvaise troupe !

En route mauvaise troupe !

On croise des chiens agressifs, des patrouilles de policiers, des maisons en construction et des locaux peu souriants. L’ambiance est pesante, peu accueillante à cause de la tension des élections.

Une affiche pour le partie des schtroumpfs boliviens

Une affiche pour le partie des schtroumpfs boliviens

30 minutes de marche plus tard, on arrive près de la rue principale. La ville est morte, presque tous les commerces sont fermés.

uyuni city

On se pose près de la gare de bus et on remarque que Gilmar est complètement stressé, qu’il passe son temps au téléphone. Il finit par nous expliquer qu’il n’y a plus de chauffeur pour nous ramener au Chili. Il essaie donc de nous en dégoter un nouveau.

Pendant ce temps là, nos anciennes comparses de voyage sont parties pour essayer de réserver un bus.

Problème n°6 : Trouver un chauffeur pour nous ramener au Chili

Voilà pourquoi on n’aime pas trop passer par des tours operators… Si on était venu par nos propres moyens en Bolivie, cette situation ne serait pas problématique. On paierait un hôtel, on trouverait un bus pour nous ramener au Chili  le lendemain et on passerait l’après-midi à explorer la ville d’Uyuni.

Mais difficile d’explorer le Sud Lipez sans tour operator, on se retrouve le cul coincé entre deux chaises. On a payé pour avoir un voyage retour vers le Chili (avec nuit d’hôtel et repas), donc Gilmar essaie de trouver une solution.

Il laisse des messages au chauffeur fantôme qui ne répond pas. Un mec un peu bourru s’incruste dans la conversation. Il commence à discuter affaire avec Gilmar. On comprend qu’il se propose d’être notre chauffeur pour la route du retour. Il pourrait nous emmener à partir de 18h30, le temps de ramener sa voiture. C’est mieux que rien!

On pense que l’affaire est réglée mais le téléphone de Gilmar se remet à sonner. C’est le responsable du tour operator qui demande à nous parler. Il s’excuse une dizaine de fois avant de nous dire qu’il s’est arrangé et qu’un chauffeur viendra nous chercher devant la gare de bus à 18h. Donc on ne rentre plus avec le chauffeur bourru, mais avec un chauffeur de l’agence. Tout est arrangé !

On doit donc retourner chercher nos sacs-à-dos. Gilmar nous accompagne ainsi que les hollandaises qui avaient oublié leur iPod dans le 4×4. C’est reparti pour 30 minutes de marche dans les ruelles désertes de la ville !

uyuni city

Problème n°7 : Y a comme un quiproquo…

Arrivés à la voiture, Gilmar nous explique que nous allons finalement partir avec le chauffeur bourru. On ne comprend plus rien. Est-ce que c’est le même chauffeur dont nous avait parlé l’agence ? Apparemment non. On est perdu. Le lieu de rendez-vous avec le nouveau chauffeur a changé, ça sera maintenant devant la maison de Gilmar. Il propose de nous rapprocher un peu du centre-ville en voiture pour aller devant chez lui. Si on se fait arrêter par les policiers, on fera le reste de la route à pied. C’est reparti pour un jeu de cache-cache avec la police.

Gilmar s’arrête à chaque coin de mur, passe le bout du capot et le bout du nez pour voir si le champ est libre, si c’est le cas, il accélère d’un coup pour traverser l’intersection avant de recommencer à la rue suivante… C’est un jeu du chat et de la souris qui se met en place. Tout l’équipage retient son souffle.

Coup de chance, aucun flic ne nous aperçoit durant cette courte escapade motorisée. On est maintenant garés devant chez Gilmar. Il nous dit qu’on peut laisser nos sacs dans sa voiture vu que le nouveau rendez-vous avec le chauffeur bourru a lieu à 18h30 devant chez lui. Donc on s’est tapé 30 minutes de marche à pied pour récupérer nos sacs pour rien.

On doit encore attendre 5 heures avant notre rendez-vous. Gilmar nous laisse nous débrouiller car il doit aller voter. On décide donc d’aller découvrir la ville d’Uyuni.

inside_uyuni

Il faut aussi qu’on trouve quelque chose à manger vu que notre repas du soir prévu à l’hôtel est compromis par l’heure de départ tardive. Le mec de l’agence à demandé à Gilmar de nous donner quelques bolivianos pour le repas.

Problème n°8 : Explorer une ville fantôme et trouver où manger

Il parait qu’il y a des trucs mignons à Uyuni… quand c’est ouvert.

uyuni city street

On voit plein de gens faire la queue pour aller voter.

A la queu-leu-leu

A la queu-leu-leu

Les boliviennes sont toutes petites, portent des nattes et des petits chapeaux melons. Seth trouve que j’ai le même look qu’elles, je ne sais pas trop comment le prendre.

bolivian girl

On croise d’autres touristes qui errent, coincés comme nous dans la ville. À force de marcher on recroise les mêmes visages. On n’ose pas trop prendre de photo, Gilmar nous l’a déconseillé. Les locaux détestent ça et les policiers sont sur le qui-vive en ce jour d’élection. Culturellement, beaucoup de boliviens pensent qu’en les prenant en photo on vole une partie de leur âme. On découvre quand même un centre-ville coloré et insolite. On voit notamment des maisonnettes destroy, des sculptures conceptuelles, des restes de locomotives, des chiottes publiques où il faut payer pour avoir du papier-cul, des locaux qui se promènent avec des cailloux dans les mains, des chiens plein de puces… Bref tout ce qu’on aime !uyuni_insta

Vers 16h certains commerces rouvrent, notamment ceux qui sont destinés aux touristes.

business_uyuni

On trouve alors un resto avec des prix spécial touristes (donc cher) où on bouffe le plat le plus touristique possible pour la Bolivie : une pizza au lama et au quinoa. #NoShame. C’était plutôt bon, mais on a eu une mauvaise surprise au moment de l’addition. Ils voulaient nous faire payer pour deux pizzas alors qu’on en avait consommé qu’une. haha ! Ils ont de l’humour ces boliviens !

pizza_lama_quinoa

Problème n°9 : Retrouver la maison de Gilmar

Le soleil commence à être rasant, il est temps de retrouver notre point de rendez-vous avant d’être perdu dans le noir complet d’une ville peu éclairée. La ville est quand même un peu flippante avec cette ambiance d’élection. Tout semble abandonné et délabré.

dusty_car_uyuni

Arrivés à la maison de Gilmar, on toque à la porte et personne ne répond. Il est peut-être encore au bureau de vote. On insiste un peu mais on a toujours pas de réponse. La pénombres dans les ruelles ne nous rassure pas alors on tente d’entrouvrir la porte qui donne sur une cour intérieure. On appelle Gilmar et il sort enfin de chez lui. Il regardait la télé donc il ne nous avait pas entendu. On attend maintenant dans sa voiture, au chaud, que l’autre chauffeur daigne arriver.

voiture_gilmar

Les chiens ne sont vraiment pas sympa (ils agressent tous ceux qui passent à côté d’eux) mais on comprend vite pourquoi. Depuis la voiture, on observe les locaux. Un papy qui se promène avec des cailloux dans les mains se met à les lancer sur un pauvre toutou qui aboie un peu trop fort. À force de se faire caillasser, les chiens deviennent agressifs. Le mystère des boliviens qui se baladent avec des cailloux et résolu. Élémentaire mon cher Watson !

Problème n°10 : L’attente 

L’ambiance dans ce quartier d’Uyuni est pesante. Pas de lumière, des cris de chiens et d’humains, des silhouettes dans le noir. On est fatigués et on souffre encore beaucoup de l’altitude alors l’attente parait interminable. Il est 18h30, notre chauffeur devrait être là, mais il ne vient pas. On commence à perdre patience.

On voit des voitures qui se remettent à circuler, on devrait pouvoir partir, mais rien.

Pour un coucher de soleil en Bolivie, on aurait pu rêver d'une meilleure vue

Pour un coucher de soleil en Bolivie, on aurait pu rêver d’une meilleure vue

À 19h, Gilmar vient nous voir avec un sourire gêné. Ça n’annonce rien de bon… Il nous explique que notre chauffeur ne trouve plus d’essence. Tout a été pris d’assaut quand les voitures ont pu de nouveau circuler, les stations n’ont plus d’essence. Ça sent un peu l’excuse bidon (d’essence, haha), mais on n’a aucune autre solution que d’attendre. Gilmar nous promet que ça ne devrait pas mettre plus de 30min.

À 20h passé, Gilmar revient nous voir. Le chauffeur ne donne plus signe de vie alors il nous a dégoté un autre conducteur à l’autre bout de la ville. Il nous y emmène dans son 4×4. Cette fois on ne craint plus les policiers, on a le droit de rouler !

Sur le lieu de rendez-vous on reconnait le chauffeur bourru. Mais ce n’est apparemment pas lui qui va nous ramener au Chili. Sa voiture est déjà pleine. On nous fait monter dans un autre 4×4. Gilmar s’en va, surement soulagé de ne plus avoir à s’occuper de notre situation. Le stress monte d’un cran parce qu’on ne connait pas du tout ces personnes et ils ne semblent pas être en lien du tout avec l’agence par laquelle nous sommes passé.

On attend, dans la nuit noire, dans une voiture sans chauffeur… L’autre 4×4 conduit par le bolivien bourru s’en va. On se retrouve tout seuls, il fait froid, on en a assez… Un jeune conducteur arrive enfin dans la voiture.

Problème n°11 : Un chauffeur pas rassurant

Notre chauffeur parle super vite. On ne comprend presque rien de ce qu’il nous raconte. On a beau lui demander de parler plus lentement, il s’entête à parler comme Speedy Gonzales. On croit comprendre qu’il nous dit qu’on va bientôt partir. Super c’est pour ça qu’on est là!

Il fout une sorte d’émission politique à fond sur la mini-télé de sa voiture et nous laisse tous seuls pendant plusieurs minutes. Quand il rentre enfin dans la voiture, il a l’air de mauvais poil. Il conduit en étant au téléphone, en regardant sa télé qui gueule et sans observer la route. Il hurle sur son interlocuteur au portable. Il nous regarde avec insistance dans son rétroviseur. Nous sommes encore dans la ville d’Uyuni, il nous balade dans les quartiers pauvres de la ville. On devrait pas plutôt reprendre la route vers le désert pour rentrer au Chili ? On sent qu’il y a un truc qui cloche… On en aura la confirmation quelques minutes plus tard.

Il s’arrête brutalement devant une maison, dans le noir complet, sans rien nous dire. Il se barre de la voiture en claquant la porte. Des scénarios pas rassurants nous passent par la tête.

nuit_squat

On ne le revoit plus pendant une dizaine de minutes. Il remonte dans la voiture sans nous adresser un mot, se remet à crier sur son téléphone portable. Évidemment les quelques mots qu’on arrive à comprendre ne nous aident pas à décrypter la situation.

On passe d’un Gilmar gentil comme un Bisounours à un petit jeune nerveux pas très diplomate. Le chauffeur s’arrête de nouveau devant une maison et sort de la voiture. Il nous laisse de nouveau seuls pendant plusieurs dizaines de minutes. C’est interminable quand on est dans une situation de stress comme ça. On se demande même si on est pas tombé dans un traquenard. Le moindre bruit nous fait sursauter. Seth essaie de blaguer en me rappelant qu’il a son couteau Suisse dans la poche externe de son sac en cas de problème, mais ça ne me rassure pas.

Le chauffeur finit par revenir, on lui demande si il y a un problème, essayant de comprendre ce qu’il se passe. Il nous fait enfin un sourire et explique que tout va bien, qu’il devait juste chercher d’autres personnes à ramener au Chili mais qu’elle ne sont pas là. Cela explique son énervement au téléphone et ses absences répétées. Ouf, on ne devrait pas encore mourir.

Il reprend sa course effrénée sur des pistes caillouteuses, une main sur son portable, une autre en train de boulotter des biscuits apéro, les yeux sur la mini-télé et le pied sur l’accélérateur.

Problème n°12 : Le coup de la panne

Ça sent le roussi. Littéralement. La voiture sent le cramé et l’essence. Notre chauffeur ralentit, essaie de comprendre ce qu’il se passe et finit par faire demi-tour jusqu’à une sorte de garage dans Uyuni. Le capot est ouvert, un mec jette un coup d’œil, bidouille quelques trucs.

garage

En plusieurs dizaines de minutes le problème semble réglé (du moins on espère, on a encore beaucoup de route). Nous partons enfin sur les pistes désertiques de Bolivie.

Il reprend la route et petit à petit on se rend compte qu’on arrive sur les extérieurs de la ville. Les maisons se font plus rares, il y a des carcasses de voitures brulées, pratiquement plus aucun lampadaire… Ça y est il va nous emmener dans un terrain vague et nous faire écouter de la Cumba Boliviana jusqu’à ce que mort s’en suive…

Mais finalement après quelques passages de talus mouvementés on se retrouvent d’un coup sur une piste de terre qui ressemble à peu près à une route! Cerise sur le gâteau, il semble se diriger enfin vers le Sud, donc le Chili!

Problème n°13 : La route de tous les dangers

Habituellement les 4×4 ne roulent pas de nuit dans cette région de Bolivie. C’est bien trop dangereux. La poussière soulevée offre une visibilité quasi-nulle pour le véhicule qui suit. La faune sauvage est nombreuse et pourrait percuter les véhicules, les pistes de tôles ondulées sont instables et accidentées, nous longeons quelques ravins et prenons des virages serrés.

La fatigue gagne notre chauffeur, il met la musique à fond, se touche le visage sans cesse pour ne pas trop piquer du nez tout en continuant de grignoter ses petits encas. Nous on garde les yeux ouverts au cas où on devrait le réveiller en urgence.

La voiture sent de nouveau le brûlé. Le chauffeur stresse, appuie sur un peu tout les boutons en espérant que ça résoudra le problème. Il s’arrête en plein milieu de rien. Fait le tour du 4×4, regarde les pneus, ouvre la capot. Quand il remonte dans la voiture on lui demande ce qu’il se passe. Réponse : « rien ». Ok.

Enfin, après quelques heures de route, on arrive devant un hôtel perdu dans un village (pas celui qui était prévu, il est trop loin). Il klaxonne pour se faire ouvrir le portail. Une pauvre bolivienne débarque à moitié endormie. La voiture pue le cramé, notre niveau de stress se stabilise enfin.

Pas le temps de vérifier la présence de puces de lit, on s’effondre de fatigue sur deux matelas un peu moisis dans une chambre glaciale. On n’aura le droit qu’à 3h30 de sommeil avant de reprendre la route. Il nous reste encore beaucoup de kilomètres à faire pour rejoindre le Chili.

Problème n°14 : Retourner au Chili

On se réveille bien avant le soleil, retrouvant notre chauffeur qui dormait dans la voiture.

On reprend la route et on verra le soleil se lever enfin. Signe que notre galère va bientôt prendre fin. On voit au loin le volcan Licancabur qui se situe pile sur la frontière Bolivie/Chili, ça nous rassure. Notre chauffeur s’arrêtera encore quelques fois vérifier ses pneus et son capot et il sera un peu plus sympathique que la veille.

Encore assommés par la fatigue, on profite des paysages bolivien une dernière fois avant d’arriver au poste frontière quelques heures plus tard.

border_bolivia

On doit se faire tamponner notre passeport pour pouvoir sortir du pays. Normalement ce tampon est gratuit, mais le poste frontière abuse de la naïveté des touristes (avec la complicité des tours operators) pour les taxer de 15 bolivianos. On a payé parce qu’on était épuisés. On n’avait pas la force d’embêter le douanier arnaqueur, pas envie de se retrouver avec un tampon anti-daté ou d’avoir encore de nouveaux problèmes à gérer (oui c’est la solution de facilité). En vérité, il suffit de dire au douanier qu’on sait qu’il ne faut pas payer cette taxe quand on passe une frontière terrestre et de demander un reçu si il insiste (qu’il ne fera jamais car ça serait une preuve de sa corruption).

On déguste enfin un petit déjeuner bien mérité avant d’être récupérés par une nouvelle personne pour passer la frontière Chilienne. On a même le droit à du mate de coca pour nous aider à supporter l’altitude (on est à plus de 4500m de hauteur). Seth décide de choper un sachet en plus pour pouvoir le déguster en arrivant au Chili. On reprend ensuite la route jusqu’à la frontière chilienne. On était les deux seuls voyageurs à passer la frontière à cette heure-ci alors on a eu droit à une fouille minutieuse de nos affaires. La fouille des sacs est systématique avant de revenir au Chili. Il ne faut surtout pas ramener de bouffe et de plantes (fruits, légumes, thé). Forcement, on n’était pas au courant ! Heureusement pour nous, les douaniers n’ont pas retrouvé le sachet d’infusion de feuille de coca que Seth avait au fond de son sac.

Enfin de retour au Chili, nous fonçons à notre auberge de jeunesse pour récupérer quelques heures de sommeil avant de continuer notre découverte du pays.

Dilemme de voyageur

Le dilemme du voyageur