Avec la vie dans le van ou en vadrouille le sac sur le dos, on est habitués aux conditions difficiles mais avec le Népal on repousse les limites. Notre chambre a une toute petite fenêtre et le soleil n’entre pas dans la pièce qui reste très humide, il fait froid, pas de chauffage, pas souvent d’électricité, pas d’eau chaude. La fameuse fenêtre donne sur une cour intérieur squattée par une famille qui vit sa vie (un des gars a construit des étagères en bois pendant plusieurs jours, juste sous notre fenêtre).
M’enfin, dehors il fait beau, on s’active, on prévoit d’aller explorer un must-see de Katmandou, Durbar square.
Dehors les commerces s’animent. Comme tous les matins, les commerçants aspergent d’eau la rue devant leurs étales pour empêcher la poussière de se lever et se déposer sur leurs marchandises.
Attention de ne pas se faire asperger quand on passe à côté !
Après une quarantaine de minutes de marche, on arrive à Durbar Square. L’énorme place est entourée de ruelles pour y accéder où siègent de petits guichets où les touristes achètent leur laissez-passer pour pénétrer dans la zone. Un « garde » reste à côté de la guitoune et scrute les visages de toutes les personnes qui passent devant lui. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à un touriste se fait arrêter si il n’a pas acheté son billet. Pour les locaux c’est évidemment gratuit !
On est pas trop partants pour acheter des tickets, surtout que les prix ont triplé récemment, passant de 250 roupies (2,5€) à 750 roupies (7,5€). Ok le Népal est un pays très pauvre qui vit en grande partie grâce au tourisme, mais on trouve qu’ils abusent, surtout quand on connait le coût de la vie là-bas.
Le saviez vous ? Le salaire mensuel moyen d’un népalais est de 23€, soit 0.76€/jour. Près de la moitié de la population est au chômage. |
On hésite vraiment à payer, ça commence à nous énerver cette discrimination envers les étrangers. On imagine le scandale si les touristes devaient payer juste pour marcher aux pieds de la Tour Eiffel ou pour se promener sur les Champs Élysées… Surtout qu’il y a des temples un peu partout à Katmandou et la majorité sont gratuits.
On laisse tomber et on tourne dans le quartier histoire d’apercevoir les temples de loin. Sauf qu’à force de tourner et de passer par des petites ruelles colorées, on aperçoit la fameuse place Durbar Square au bout d’une rue ! Et on y a accès sans que personne ne nous demande quoi que ce soit ! Pas de guichet, pas de garde, pas de ticket.
C’est le nom qu’on donne à une place où se trouvent des temples, des idoles, des tribunaux et des fontaines et qui sont en face des anciens palais royaux du Népal. On en trouve à Katmandou mais aussi à Patan et Bhaktapur.
Mais qu’est ce que c’est au juste Durbar Square ?
On est vraiment en stress, on n’ose pas trop prendre des photos ni même lever les yeux. Surtout que Seth, du haut de ses 1m92 ne passe vraiment pas inaperçu au milieu des népalais qui font en moyenne 1m64. On fait quand même quelques clichés rapidement, un peu raté.
Le saviez-vous ? L’homme le plus petit du monde est népalais ! Il fait 54,6cm. C’est aussi au Népal qu’on trouve la montagne la plus haute du monde, l’Everest qui mesure 8852 mètres. |
On aperçoit une cérémonie étrange qui nous intrigue, avec des petites filles habillées de façon traditionnelle.
On comprendra par la suite qu’il s’agit de l‘Ihi (ईही). Mais c’est quoi l’Ihi ?
C’est une cérémonie de « mariage » entre les jeunes filles vierge et un fruit qui s’appelle « féronie des indes » qui est en fait le symbole du dieu hindou Vischnu. En gros c’est comme si les fillettes épousaient le dieu. Le fruit est un peu spécial car c’est un fruit qui ne pourri jamais. La cérémonie dure 2 jours, avec beaucoup de rituels.
Si plus tard elles se marient avec un homme, il n’y aura pas vraiment de rites de mariage vu que tout aura déjà été fait pendant l’Ihi. Si plus tard le mari meurt, les femmes ne seront pas considérées comme veuve car elles seront encore mariées au dieu Vischnu. Cette pratique existe depuis des siècles et elle est extrêmement sacrée. Vous pouvez en savoir plus grâce à wikipedia en anglais.
Il ne faut pas confondre cette cérémonie sacrée avec la Kumari qui se trouve aussi à deux pas de Durbar Square.
Qu’est ce qu’une Kumari ?
C’est une petite fille vierge, traitée comme une déesse vivante. Elle serait l’incarnation d’une déesse hindoue. Leur règne dure de la perte de leur première dent de lait à leurs première règles. Elle est sélectionnée sur des critères physiques et vit une vie de « petite reine » : elle ne marche pas sur le sol qui est considéré comme impure. Elle ne doit pas montrer d’émotions, elle porte de beaux bijoux majestueux et des tuniques rouges et elle est entourée de serviteurs qui la nourrisse, la porte, la masse, la coiffe, la maquille. Parfois elle fait des apparitions à la fenêtre de son énorme demeure, et l’apercevoir porterait bonheur… Évidemment, le retour à la vie réelle est difficile. Les kumaris finissent souvent leur vie seules, à moitié folle, dans la rue et célibataire (les épouser porterait malheur). Beaucoup d’entres elles auront des grandes difficultés à marcher, ayant été portées pendant l’enfance, elles n’arrivent pas à mettre de chaussures et ont des muscles pas assez développés pour se tenir debout.
Un très bon reportage photographique du dailymail a suivi le quotidien de la Kumari, visible ici.
Bon, nous on l’a pas vu cette Kumari, mais on a vu d’autres être sacrées : des vaches ! C’est illégal de les tuer, certains ont même fait de la prison pour ça. Mais on peut les manger si on est pas bouddhistes et qu’elles sont mortes de cause naturelle.
Le stress nous a ouvert l’appétit, on a continué à se perdre dans les ruelles alentours et on est tombé sur un petit resto avec une assiette de MO:MO à 50 roupies (0,4€) ! À Thamel, le quartier touristique, ça coûte facilement le double. Décidément cette journée ne va pas nous coûter cher! En plus c’est vraiment délicieux.
On rentre à pied vers notre chambre d’hôte, déjà parce qu’on a pas trop le budget pour se payer un taxi, mais surtout parce que ça nous donne une occasion de mieux découvrir la ville. On tombe alors sur des merveilles cachées, comme ce temple qui resplendit au bout d’une ruelle sombre, il suffisait de tourner la tête pour le voir !
La zone est surtout fréquentée par des enfants qui jouent et des centaines de pigeons.
En continuant notre route on tombe sur des cours isolées où il y a comme une vie parallèle. Rien à voir avec l’ambiance chaotique des grandes rues de la capitale. Y entrer est complètement gratuit et c’est une vraie expérience authentique avec des népalais qui vivent tranquilles, un peu isolés du bruit, des odeurs et de la poussière.
On y rencontre Provine, un gosse qui vient nous demander de faire des photos de lui en train de faire le badass avec sa montre en plastique et son cerceau!
Il se débrouille vraiment bien en plus, un vrai maître du hula hoop ! On a l’impression d’être le jury de « le Népal a un incroyable talent » avec un candidat qui donne tout ce qu’il a pour passer à la télé. Bref, cette rencontre nous a fait du bien, c’était inattendu et vraiment différent que ce que nous avions vécu à Durbar Square où on nous accostait pour nos portefeuilles.
On retrouve le chemin de notre resto/hôtel où on bouffe un plat végétarien typique à base de lentilles, de riz et de légumes au curry. C’était succulent, sauf le caillou qui était caché dans les lentilles et que Seth a croqué…
On finit la journée en retournant voir le soleil se coucher sur les toits avec le chien qui vit là haut, qui est toujours là et bien content de nous revoir.
super article !