La Bolivie, ça c’est fait un peu sur un coup de tête. On était au Nord du Chili et on voulait explorer la région. Manque de bol pour nous, la plupart des attractions allaient fermer à cause des fêtes patriotiques. Les nombreuses agences de voyages de la ville de San Pedro de Atacama proposent des tours du Sud-Lípez, région du Sud-Ouest de la Bolivie. On a donc sauté sur l’occasion. Impossible de partir seuls dans la région : il n’y a pas de route ! Seuls les guides boliviens savent s’y retrouver dans cette région désertique. Après comparaison et négociation, on choisit un tour qui propose un itinéraire alternatif à un prix raisonnable: 110 000CLP pour 4 jours et 3 nuits (145€/personne).

Que faut-il amener dans son sac quand on part faire un tour Bolivie ?

  • Son passeport (avec la carte touristique chilienne)
  • 6 litres d’eau
  • Des petits snacks
  • Crème solaire / Baume à lèvre / Crème hydratante. Votre peau va en baver.
  • Des lunettes de soleil
  • Vêtements chaud (il fait très froid le matin et le soir)
  • Un duvet
  • Du papier toilette
  • Des bonnes chaussures de marche
  • Un maillot de bain

Départ à 6h30 du matin, les cheveux bouffis et les yeux collés. On fait connaissances avec nos compagnes de routes : Deux hollandaises qui bossent dans le milieu médical et deux françaises étudiantes en commerce. Seth est le (seul) mâle dominant ! En gros, si on se fait attaquer par des lamas, on compte sur lui pour nous défendre.

licancabur

Le soleil se lève sur les volcans d’Atacama. On s’arrête au poste de douane chilien, un petit bâtiment en brique sur le bord de la route. On attend tous notre tour en file dans le froid, heureusement c’est très rapide et les douaniers chiliens sont d’humeur taquine. Une blague en espagnol et un tampon sur le passeport plus tard, on reprend la route vers la frontière bolivienne.

convoi 4x4

Le poste frontière de Bolivie est perché à près de 4500 mètres, au milieu d’un désert volcanique. Les deux postes de frontière (chilien et bolivien) sont séparés par 45 minutes de route.

border boliviaborder bolivia chile

La paperasse est vite remplie, on peut passer au petit déjeuner : pain au dulce de leche (confiture de lait) et mate de coca. C’est une tisane faite avec des feuilles de coca (ça a la goût de thé vert) qui est censée nous aider à supporter l’altitude. Attention, il y a un tout petit peu de cocaïne dans le mate de coca et les tests de dépistage de drogue sont positifs quelques heures après consommation de cette boisson. 

Nous faisons connaissance avec notre chauffeur : Il s’appelle Gilmar, il est quechua/bolivien et il a grandit dans un petit village près d’Uyuni. Avant d’être chauffeur, il était instituteur ! On embarque dans son gros 4×4 à l’assaut des pistes poussiéreuses des déserts de Bolivie. Une fois dans la voiture, il se tourne vers nous et dit :

« Vous parlez espagnol ?

-Pas vraiment…

– Dommage, on va parler espagnol pendant 4 jours ! »

Premier arrêt : le Laguna Blanca.

laguna blanca 4wd

Sa couleur laiteuse vient du Borax, un minéral qui sert a faire de des céramique, du verre ou des médicaments.

laguna blanca bolivia

Juste à côté, le Laguna Verde est dominé par le volcan Licancabur, qui marque la frontière entre le Chili et la Bolivie. Le lagon change de couleur pendant la journée car les particules d’arsenic et cuivre (qui lui donnent cette couleur verte) remontent à la surface quand il fait plus chaud. Il parait qu’il est tout gris quand il pleut !

laguna verde bolivia

On reprend la route vers la vallée des déserts, le nez collé à la fenêtre pour admirer les paysages. Ce coin regorge de minéraux qui donnent des couleurs chatoyantes aux volcans environnants.
truck boliviain the car

On est dans le désert mais il faut super froid vu qu’on est en haute altitude. Tout à coup, on hurle à Gilmar de s’arrêter : « Stop ! Y a un lama ! »

C’était pas un lama, mais une vigogne. La version sauvage de l’alpaga. Les vigognes sont très peureuses, dès qu’on s’approche un peu d’elles, elle se barrent en courant en nous montrant leurs fesses !

vigogne bolivie

On arrive ensuite au Désert de Dalí. Les tons et l’atmosphère de ce coin de Bolivie ressemblent étrangement à l’univers du peintre.

desert salvador dali

On serait bien parti escalader les impressionnantes montagnes colorées qui entourent ce désert mais on n’a pas vraiment le droit ni le temps de sortir du programme du « tour operator »…

moutain color boliviacolor bolivia mountain

Next stop : les sources chaudes de Polque. Il fait encore frisquet donc on se serait bien baigné mais on n’avait pas de maillot de bain. C’est pas plus mal vu que la baignade est payante !

thermal polque bolivia

À la place on est parti découvrir les paysages tout en tentant de faire copain-copain avec les vigognes.

thermal pool boliviavigognepiscine bolivie

Quelques kilomètres plus tard, on arrive à près de 5000 mètres d’altitude pour observer le champ de geysers de Sol de Mañana (soleil du matin).

geyser souffrepeligro geyserlise geyser

En quelques heures on s’est pris 2600 mètres de dénivelé dans la face ! La boue bouillonnent sous nos pieds, les geysers nous balancent des fumerolles de souffre puant. C’est saisissant !

lava boliviageyser bolivia

En reprenant la route on est impressionné par le sens de l’orientation de notre chauffeur Gilmar. Il y a des pseudo-pistes qui vont dans toutes les directions, les paysages sont très ressemblants, on est complètement perdu. La route caillouteuse nous secouent dans tous les sens, il faut avoir l’estomac bien accroché ! Avec les espaces désertiques que nous traversons, il nous arrive de devoir observer le même paysage à la fenêtre pendant des dizaines de kilomètres. Heureusement il y a la musique bolivienne qui gueule dans la voiture pour nous tenir éveillés.

road bolivia

A la mi-journée, on arrive dans un petit village d’éleveurs de lamas.

village lamalama montagne

C’est ici que nous allons manger. On a hâte de goûter des spécialités culinaires de Bolivie ! Quand on nous apporte les plats, on est surpris : purée mousseline- saucisse – orange en dessert- coca cola. On a connu plus exotique… M’enfin, comme il n’y a rien d’autre à des centaines de kilomètres à la ronde on ne peut pas faire es difficiles. Et finalement ça se laisse manger.

On commence à ressentir les premiers symptômes du mal aigu des montagnes : maux de tête, difficulté à respirer, vertige, nausée, manque d’appétitLe rêve vire doucement au cauchemar.  Pour ne rien arranger, Gilmar remet de la musique bolivienne (cumbia boliviana) à fond dans son 4×4. Si vous êtes courageux, vous pouvez écouter à quoi ça ressemble en cliquant ici. Et finalement, on nous avait promis du mate de coca à chaque repas pour supporter l’altitude mais Gilmar nous explique qu’il n’en a plus en stock et qu’il faudra faire sans pour le reste du voyage. Ça promet !

Heureusement, il y a les paysages somptueux pour nous faire penser à autre chose, comme le Laguna colorada : un lagon rouge corail où vivent des milliers de flamants roses.

laguna colorada viewflamingo laguna colorado

Ils se nourrissent de petites algues qui réagissent au soleil en produisant du beta carotene. D’où la couleur carotte de ce lac de Bolivie !

macro laguna coloradalaguna colorada view

On reprend la route au rythme de la ♫cumbia boliviana♫ jusqu’à l’Arbol de Piedra. C’est un arbre de pierre sculpté par le vent et le sable. Il fait presque 7m de haut et c’est devenu un symbole du désert de Bolivie.

arbol de piedra

Malheureusement, l’érosion devrait le faire disparaître d’ici quelques années. Il trône au milieu de champ de pierres où l’on peut facilement se cacher pour faire une pause pipi (bah oui, les toilettes sont payantes). #Astucedevoyageurscrevards

desert rock bolivia

Dernier arrêt de la journée : le Laguna Cañapa. On y croise des centaines de  flamants roses qui viennent chercher leur dose de sel.

laguna canapa boliviatruck repair

Le lagon est entouré de formations rocheuses impressionnantes où se cachent des viscaches (sorte de lapins tout mignon).

© Dieter Titz

rock beautiful

Nous faisons plusieurs heures de routes jusqu’au au petit village de Villamar Mallcu. C’est ici que nous allons dormir. On souffre méchamment de l’altitude, avec l’impression que nos têtes vont exploser. On est chez une famille quechua qui ne parle pas un mot d’espagnol. Une jeune quechua aux pieds miniatures avec ses deux tresses et son petit chapeau vient nous servir le dîner qui consiste en une soupe dans laquelle flottent quelques morceaux de spaghettis, puis du fromage inconnu et une pêche au sirop. On n’a vraiment pas faim mais on se force pour reprendre un peu d’énergie. Il fait tellement froid dans ce refuge que la soupe est refroidie avant même de pouvoir finir notre bol. Pour Seth le repas ne passe pas du tout.

La nuit est déjà tombée, les températures sont glaciales. Il y a bien une salle de bain mais l’eau est gelée alors on se passera de douche. On installe nos duvets dans le lit quand on aperçoit notre pire ennemie : la puce de lit… On ne peut pas changer de chambre et on n’a pas la force de partir à la chasse aux punaises. On se blottit dans nos duvets en tentant de trouver le sommeil. Au bout de quelques minutes Seth se sent vraiment trop mal à cause de l’altitude. Les nausées et les vertiges s’intensifient. Rapidement il est pris d’une crise de panique et finit par vomir ses spaghettis dans la poubelle de la chambre.

La chambre tout confort

La chambre tout confort avec la poubelle en prévision.

Une seule crainte pour le reste de la nuit : que le mal aigu des montagnes s’aggrave. On est paumé dans le désert, sans réseau téléphonique. La ville la plus proche est à plusieurs heures de route. Normalement pour se sentir mieux il suffit de descendre vers des altitudes plus basses, mais cette région de Bolivie se situe sur l’Altiplano, un énorme plateau de 1500km de long dont l’altitude moyenne est de 3300m. Vu qu’on ne peut pas avoir de mate de coca, on se soigne à coup d’ibuprofène et d’huile essentielle. La nuit va être longue…