Nous avons bien kiffé Rabat, mais il est temps de quitter la capitale du Maroc vers notre prochaine destination : Chefchaouen. Nous n’avons plus que 5 jours pour profiter du Maroc… Jusqu’à présent nous nous étions déplacés en train. Cette fois-ci nous allons devoir prendre le bus vu qu’il n’y a pas de gare à Chefchaouen !

Les deux compagnies de bus les plus réputées au Maroc sont CTM et Supratour. Pour une question de prix et de praticité, nous devons choisir CTM pour ce trajet. La plupart des guides de voyages conseillent d‘acheter le billet de bus la veille pour être sûr d’avoir de la place.

Première mission : trouver le bureau CTM

Avec beaucoup de naïveté, nous regardons sur Google (notre ami) s’il y a un bureau pour acheter des tickets pas trop loin de notre hôtel. Oh joie ! Il y en a un à quelques minutes à pied et le trajet n’a pas l’air compliqué.

Nous parcourons la vieille médina de Rabat et arrivons à l’adresse indiquée mais pas de bureau CTM à l’horizon… On fait des dizaines d’allers-retours dans le quartier. Rien. Ça commence à sentir mauvais cette histoire.

 

Nous demandons aux gens qui habitent dans le coin, personne ne peut nous répondre. Ils n’ont jamais entendu parler d’un bureau CTM dans la médina. Le constat est le même avec les commerçants. L’un d’eux nous conseille d’aller à la gare de bus qui est à un peu plus d’une heure de marche. Il fait plus de 40°, nous n’avons pas le courage ni la force de faire le chemin à pied. Un petit taxi fera l’affaire ! Moralité : Google n’est pas toujours notre ami.

6 kilomètres plus loin, avec 18 dirhams (1,7€) en moins dans le porte monnaie, nous arrivons enfin à la gare de bus CTM.

 

Embrouille à la gare de bus de Rabat

Quand le petit taxi nous dépose, nous lui demandons gentiment de nous attendre pour nous ramener en ville. Il est d’accord, ça sera déjà ça de moins à régler pour le retour.

Nous rentrons dans la gare de bus et faisons la queue quelques minutes devant le guichet de vente de billets. Quand vient notre tour, nous nous adressons à la guichetière :

« Bonjour, ça serait pour avoir deux billets pour Chefchaouen demain.

– Attendez je vérifie… Je n’ai plus de billet pour Chefchaouen demain, désolé.

– Ah mince. Et pour après-demain, ça serait possible ?

– Hum… Non… Désolé. Après-demain aussi c’est complet.

– Sérieusement ? À partir de quand avez vous des disponibilités ?

– Alors… Les prochaines disponibilités sont dans 4 jours. Est-ce que cela vous convient ?

– Pas vraiment, on doit prendre un avion à Fès dans 5 jours alors ça risque de faire un peu court. Il n’y a pas d’autres solutions ?

– Je peux vous proposer un billet pour Tetouan demain. Il y a beaucoup de bus qui relient Tetouan à Chefchaouen. Je suis certaine que vous trouverez un bus le jour même sur place.

– Bon bah on n’a pas vraiment le choix, on va faire ça… Deux tickets pour Tetouan, partant le plus tôt possible. »

Encore une embrouille dont on se serait bien passé.

Les billets Rabat-Chefchaouen coûtent 100 dirhams (9,33€). À la place, nous avons un billet Rabat-Tetouan qui coûte 120 dirhams (11,20€) et nous devrons trouver un bus qui fait Tetouan-Chefchaouen pour environ 25 dirhams (2,33€). On perd l’équivalent de trois couscous dans l’histoire !

rabat tetouan chefchaouen

Le taxi arnaqueur

En sortant de la gare, nous voyons que notre taxi s’est barré. Génial… S’il ne faisait pas si chaud et que Seth était en meilleure forme physique, nous serions rentrés à pied. Il n’y a plus qu’un taxi dans le coin qui a déjà un client à l’intérieur. Le chauffeur nous interpelle :

« Hé, c’est vous les deux français qui avez demandé au taxi de rester ?

– Heu. Oui.

– Il m’a demandé de vous prendre pour le retour, il devait partir, montez.

– D’accord, merci. Mais on fait comment pour le compteur, on divise la course par deux ?

– Non, j’ai un compteur qui compte les courses pour chaque client. Vous payerez chacun votre course. »

Sur la route, le chauffeur essaie de nous taper la discute dans un français approximatif. Il nous demande si on reste à Rabat, quand est-ce qu’on part, où on va… Quand nous lui expliquons vaguement nos plans, il essaie de nous embrouiller. Il nous raconte qu’il n’y a pas de bus entre Tetouan et Chefchaouen, que la guichetière nous a menti et qu’on devra prendre un taxi mais que ça coûte super cher. D’après lui, un taxi entre Tetouan et Chefchaouen coûte 900 dirhams (84€). Comme par hasard, le chauffeur a un cousin à Tetouan qui pourra nous dépanner et nous faire ce trajet pour 850 dirhams (79€), prix d’ami.

Décidément, ils ont de l’humour par ici ! Pour rester polis, nous faisons comme si nous ne comprenions pas bien ce qu’il nous propose, espérant arriver rapidement à notre hôtel. Il insiste, mais face à notre mutisme il demande à l’autre client (marocain) de traduire ce qu’il dit ! Il nous repose les mêmes questions en anglais et on recommence notre cinéma en anglais. Nous arrivons enfin à destination. Le chauffeur nous demande si on a besoin d’un taxi pour le lendemain matin Inch’Allah.. Non merci !

streetart rabat maroc

Une murale sur la route

Surprise sur internet

De retour à l’hôtel, on n’a pas vraiment le moral. Seth est encore bien malade. On se serait passé de ce contretemps qui va allonger notre temps de transport. Surtout qu’il n’y a pas de toilettes dans le bus… Ça nous apprendra à nous fier aux guides de voyage qui conseillent « d’acheter le billet la veille ». On se rappelle les paroles de la femme marocaine avec qui on a parlé dès la sortie de l’aéroport en arrivant: « ici rien ne se passe jamais comme prévu ».

Nous faisons nos petites recherches sur internet pour avoir plus d’infos sur l’étape Tetouan : prix et horaires des bus et prix des grands taxis.

  • Première surprise : il y a un bus CTM qui relie  Tetouan à Chefchaouen à 16h30 pour 25 dirhams (2,33€). C’est le dernier disponible de la journée et nous aurons 1h pour faire le changement de bus. Pourquoi la guichetière ne nous a pas proposé le ticket ? On aurait bien acheté ce ticket en ligne, mais c’est impossible. Les paiements avec une carte internationale ne sont possible que pour les bus partant au moins 72h après la date d’achat.
  • Deuxième surprise : Le prix des grands taxis entre Tetouan et Chefchaouen n’est pas de 900 dirhams… mais de 35 dirhams (3,27€) par personne ! Sacré différence de prix. Nous avons bien la confirmation que le chauffeur de taxi nous a menti.

 

Quitter Rabat avec regrets

Nous avons vraiment apprécié notre séjour dans la capitale marocaine. Nous avions déjà nos habitudes dans le petit café du coin pour prendre le petit déjeuner…

café rabat petit dejeuner

La fabuleuse architecture, l’océan, la vieille médina et la kasbah des oudayas nous manqueront.

Tôt le matin, nous trouvons un petit taxi sympa qui nous emmène à la gare de bus avec 45 minutes d’avance. Ça nous laisse le temps d’acheter tranquillement nos billets entre Tetouan et Chefchaouen. Si on peut éviter de prendre un grand taxi, entassés à 7… On en profite aussi pour prendre les billets entre Chefchaouen et Fès, soit 4 jours à l’avance! Au moins ça nous assure de ne pas nous retrouver en galère et arriver à bon port… et encore. Conseil: En haute saison, achetez vos billets avec plusieurs jours d’avance !

On attend le bus dans la salle d’attente. Il y a la clim’ et des distributeurs de boissons fraiches, le bonheur quoi. Régulièrement, un employé moustachu entre dans la salle et crie un nom de ville. Ça veut dire que le bus pour cette ville est arrivé. Il vérifie alors les billets et les gens peuvent embarquer.

Au bout de quelques minutes, on entend le moustachu crier « TETOUAN, TETOUAN ». En deux temps trois mouvements, nous sommes prêts à embarquer avec nos petits sacs sur le dos. Le moustachu regarde nos billets et nous dit que notre bus n’est pas encore arrivé. Il faut attendre le suivant !

station ctm rabat

45 minutes plus tard, le moustachu revient : « TETOUAN, TETOUAN ». Cette fois c’est notre tour. Le bus a 20min de retard… Ce n’est pas trop grave. On a nos places dans le bus et plus d’une heure pour faire le changement à Tetouan. Les places sont numérotées, nous sommes prêts à partir ! Mais le bus attend encore quelques temps… Au bout de quelques minutes, une femme sans ticket rentre dans le bus. Elle demande à tout le monde où il y a une place de libre. Elle trouve une place dans le fond du bus et nous partons enfin.

Un trajet de bus plein d’imprévus

Une fois sortis de Rabat, nous respirons un peu. La circulation est fluide, nous devrions être à l’heure. On profite du paysage, de la vue sur l’océan, les petits villages, les champs verdoyants où poussent melons et pastèques, les montagnes, les vaches maigres, les villages colorés, les champs d’oliviers à perte de vueet les moutons laineux. Zarma comment c’est beau ! Le chauffeur de bus conduit comme un pilote de rallye. On a bien la nausée mais au moins on sera a l’heure vu la vitesse de l’engin !

bus ctm maroc

Au milieu du trajet, il y a une pause de 25 minutes pour le chauffeur. Puis au moment de repartir, il manque deux passagères. Comme si 25 minutes c’était pas assez long pour aller aux toilettes ou se payer un café! Le chauffeur klaxonne, attend un peu, klaxonne… Personne n’arrive. Soudain notre chauffeur décide de partir! Heureusement pour elles, un camion est garé tranquillement en plein milieu de la sortie de la station service et bloque le passage. Le bus klaxonne encore. L’ouvrier du camion arrive en courant avec une bouteille d’eau sous le bras… Le temps qu’il monte dans son camion et démarre. On voit les deux personnes manquantes du bus qui arrivent en courant aussi…

Tout devrait bien se passer pour nous. D’après notre GPS, il reste 2h de route, il n’y a pas de bouchons et le bus roule super vite. Après quelques minutes, le bus prend une sortie d’autoroute. Il ne va pas du tout dans la bonne direction. Le bus est sans arrêt jusqu’à Tetouan donc on ne comprend pas trop où il va. On se retrouve dans des gros bouchons et l’angoisse commence à monter. Les minutes passent, on avance comme des escargots. On passe un péage puis le chauffeur prend une petite route et s’arrête dans un coin paumé. À ce moment là, la meuf qui n’avait pas de ticket au départ se lève et sort du bus. Nous faisons ensuite demi-tour, en repassant par la case bouchons pour rejoindre l’autoroute que nous n’aurions jamais du quitter. On a perdu un peu plus d’une heure à cause de ce petit manège. Nous soupçonnons fortement que cette femme soit de la famille du chauffeur ou de quelqu’un de la société et qu’on l’ait déposée tranquillement devant chez elle…

On regarde l’heure et on se dit que c’est foutu. Entre le retard du bus, le moment où nous étions bloqués à la station essence et cette boucle imprévue, nous avons déjà 1h40 de retard. Sur tout le reste du chemin, la circulation est fluide.

landscape_mountain_maroc

Les minutes passent, on sait qu’on a certainement raté notre correspondance… Pour une fois nous espérons que le bus ait du retard! Ce qui nous permettrait de monter dedans… Nous sommes dégoutés parce que c’était le dernier bus CTM de la journée. Il va falloir prendre le taxi !

Mission remboursement de billets

Quand on arrive enfin à la gare de bus, plutôt énervés, on va à un guichet pour se faire rembourser. On leur explique qu’on a pas pu prendre le bus de 16:30 parce qu’on est arrivé à 17:15 au lieu de 15:30…
 » Ha mais le bus est déjà parti!
– Bah on se doute bien! On veut se faire rembourser parce qu’on l’a raté à cause de vous, on arrive de Rabat. »

La guichetière cherche un collègue qui prend le relai avec un autre mec.
On recommence toute notre histoire, en expliquant le détour pas prévu du bus…
 » Bah prenez un billet pour demain!
– On ne peut pas, on a un hôtel réservé à Chefchaouen! »
– Ha mais c’est parce qu’il y avait des embouteillages sur la route!
– Quoi??? Y’a pas eu d’embouteillage du tout sur le trajet prévu!
– Si.
– Mais non ! Votre chauffeur s’est arrêté déposer une femme en chemin et il est parti avec 20min de retard de Rabat!
– Je peux vous rembourser mais en retenant 5 dirhams sur chaque billet.
– Quoi ? Mais pourquoi ? »

Le mec tourne la tête et va lire les conditions générales sur une feuille sur le mur. Il lit tout… On attend.
 » Lisez les conditions
– Lire quoi ? Où ? Quelle ligne ?
– Là : il n’y a pas de remboursements en cas de retard du à un cas de force majeur »
– Mais quel cas de force majeur ???
– Les embouteillages.
– MAIS Y’A PAS EU D’EMBOUTEILLAGE SUR LA ROUTE DU BUS !!! C’est votre bus qui a du retard à cause d’un détour que le chauffeur a fait pour déposer une personne sans ticket. On arrive à l’instant et le bus pour Chefchaouen est déjà parti donc vous nous remboursez. Si on était arrivé à pied et qu’on avait raté le bus,  on n’aurait rien dit du tout. Mais là c’est votre bus qui nous a mis en retard et fait rater le bus suivant!
– Vous venez de Rabat c’est ça?
– Oui
– C’est a combien de kilomètres d’ici?
– Je ne sais pas environ 300.
– Bah voilà! 300km c’est long et le bus il roule à 80kmh donc c’est normal d’avoir du retard!
– Quoi??? Mais à ce moment la prévoyez les heures en conséquence!
– Ha mais vous dites que le bus est parti avec du retard . Il avait combien de retard ?
– 20 minutes.
– Donc vous saviez des le début qu’il allait être en retard à l’arrivée et il fallait demander un remboursement dès le départ.
– Sérieusement ? Comment pouvions nous savoir qu’on arriverait autant en retard ? Je connais pas la route et c’est pas moi le chauffeur ! Et on n’est pas arrivé avec 20min de retard mais 1h45!
– Si, il fallait demander dès le départ. Rendre le billet tout de suite!
– Mais même si on avait eu 20min de retard ça n’aurait pas été grave, on aurait eu le bus de 16:30! »

A ce moment, le mec sort de dessous son guichet un billet de 50 dirhams (le prix de nos deux billets) et le claque sur le comptoir. Seth choppe le billet instantanément et se barre. En sortant, nous découvrons la ville de Tetouan et tombons instantanément sous le charme… Dommage que nous n’y restions que quelques minutes, le temps d’une escale ! Malheureusement notre état d’esprit n’est pas à la découverte, il nous fait trouver un moyen de rejoindre Chefchaouen avant la nuit.

tetouan maroc

Trouver un grand taxi pour Chefchaouen

En suivant un plan d’un guide de voyage, on se dirige vers une station de grand taxi. Ils sont facilement reconnaissables, ce sont des vieilles Mercedes où ils foutent 6 clients entassés dedans. Quand on repère enfin la station, on nous indique qu’on est au mauvais endroit. Aucun taxi ne va à Chefchaouen ici.

station grand taxi tetouan

 » Ce n’est pas ici, il faut aller à la gare de bus plus bas. »

On retourne sur nos pas et on tombe sur un taxi type monospace. Rien à voir avec les vieilles Mercedes. Le mec nous demande 300 dirhams pour nous emmener à Chefchaouen. On explique qu’on cherche les grands taxis et il finit par nous aider :
 » Vous prenez un petit taxi, c’est 10 dirhams. il vous emmènera aux grands taxi, inch’allah.
– Mais ils sont où ces grands taxis ??? »

Le marocain arrête un petit taxi qui roule, ouvre la porte, dit un truc en arabe au chauffeur et se retourne vers nous :

 » Montez !
– Mais on va où?
– LÀ DEDANS ! (En pointant la porte)
– Non mais on dit quoi au chauffeur?
– Il sait où c’est. MONTEZ! »

10 dirhams plus tard, le taxi nous lâche au milieu d’un carrefour, nous indiquant une gare de bus où doivent se trouver les grands taxis. En s’approchant de la gare, on se fait aborder par un mec qui nous dit qu’il n’y a pas de taxis collectifs ici, mais qu’il peut nous emmener pour 300 dirhams. On refuse poliment, espérant que le petit taxi nous a mené à bon port et qu’on a juste affaire à un arnaqueur.

ENFIN. On trouve la station des grands taxis. On retrouve rapidement nos habitudes, on trouve un chauffeur, on paye 35 dirhams par personne… Le taxi se remplit vite et on part en quelques minutes !

grand taxi tetouan

Serrés comme des sardines dans le Grand taxi de Tetouan à Chefchaouen

Comme le veut la tradition, nous sommes 3 devant et 4 à l’arrière. On est serrés comme des saucisses ! Nous profitons quand même du paysage. Nous partons de la blanche Tetouan et traversons des petits villages et de magnifiques montagnes. Les routes virevoltent entre les ânes, les autres taxis et les cigognes. Nous apercevons aussi des vendeur de « kif » (de la marijuana quoi) qui agitent des bouquet de cannabis pour que les gens s’arrêtent sur la route. Étonnamment il y a aussi de nombreux contrôles de polices au long de la route.

ane route marocroute marocMarchand oignons maroc

Seth, qui fait 1m92, a son bras qui sort par la fenêtre, la tête collée contre le rebord et les genoux qui lui rentrent presque dans le ventre. De mon côté, j’ai une demi-fesse sur le siège, le levier de vitesse qui me rentre dans la cuisse et je ne sais pas trop où m’accrocher (il n’y a pas de ceintures). On était tellement serrés qu’on n’a pas pouvait pas sortir nos appareils photos sous nos jambes… Les vieux smartphone on fait le boulot.

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Après 1h30 de route sinueuse et la circulation sanguine des jambes coupée, nous arrivons enfin à destination : Chefchaouen. Il nous aura fallu près de 9h pour relier deux villes espacées de 250km !