Varadero est célèbre pour ses plages de rêve, son soleil, ses palmiers, ses hôtels tout compris et son rhum qui coule à flot. C’est la carte postale parfaite, D’après la plupart des guides touristiques, il n’y a pas grand chose à faire ici car tout est artificiel. On ne peut que bronzer et siroter des mojitos.
Et pourtant, en s’éloignant de quelques mètres d’Avenida 1ra, l’avenue principale de la ville, on tombe sur des ruelles qui respirent l’authenticité !
Les chiens errants nous suivent dans nos pérégrinations au milieu des maisons colorées de la ville. Il parait que le vol est sévèrement puni à Cuba et que la délinquance est quasi-inexistante. Pourtant la plupart des portes et des fenêtres sont protégées par des grosses grilles. Les quelques cubains que l’on voit se parlent à travers les barreaux. Mais à cette heure matinale, les rues sont presque désertes. On croise plus de poules que de locaux !
En même temps ils sont peut-être occupés à faire la queue dans les bodegas, ces boutiques officielles reservées au cubains. Les étals y sont presque vides. Il faut souvent se lever tôt pour avoir les denrées que l’on désire.
Il faut savoir que la plupart de cubains ne mangent pas à leur faim. A cause de l’embargo américain de 1962, le commerce entre USA et Cuba est impossible. Il y a en plus des sanctions économiques qui apauvrissent le pays depuis des années. Au début le pays s’en sortait grâce au soutien de l’URSS, mais depuis la chute du bloc soviétique en 1990 les cubains se sont retrouvés livrés à eux même. L’économie s’est effondrée.
Un carnet de rationnement payant (libreta) est utilisé par la majorité des cubains pour les denrées de base. Ils ont juste assez à manger pour ne pas mourir de faim. Il est rare que les bodegas (boutiques) aient suffisament de nourriture pour tout le monde. Les seules choses dont ils ne manquent jamais, c’est d’alcool et de sucre !
Avec les carnets de rationnements, les cubains ont droit en théorie à un certain nombre de denrées par mois.
2,7kg de riz 570g d’haricots noirs 230g d’huile 2,8kg de sucre 12 oeufs 6,8kg de patates ou bananes plantains Un tout petit peu de viande 115g de café Un petit pain par jour 1 litre de lait par jour par enfant de moins de 7 ans |
En pratique, quand les aliments ne sont pas disponibles en magasins, les cubains sont obligés de passer par le marché noir et la débrouille. Quand c’est vraiment compliqué de trouver à manger, les chats et chiens ont tendance à disparaitre des quartiers…
Cet esprit de débrouille se retrouve partout dans la rue. Par exemple les vieilles voitures américaines sont rafistolées depuis des années avec des pièces détachées venant de partout, sauf des USA. Mac Gyver ne ferait pas le poids face à la plupart des cubains qui sont vraiment des bricoleurs extraordinaires!
Si les touristes savaient que la voiture dans laquelle ils roulent a le moteur d’une Fiat, les freins d’une Toyota et la batterie d’une Renault !
En continuant notre promenade, on tombe sans arrêt sur des fresques révolutionnaires, des affiches de propagandes, des slogans politiques… Le régime révolutionnaire est partout sur les murs.
Les CDR (Comité de Défense de la Révolution) sont installés dans chaque quartier. Leur membres sont des sortes de gardiens qui surveillent les habitants, pour voir si ils respectent bien le régime cubain et ses valeurs. Ce sont les rois de la délation, ils font peur à la plupart des locaux. Ils effectuent des rondes de nuit, font la chasse au marché noir et aux idées non révolutionnaires. Il utilisent des caméras cachées, les conversations téléphoniques sont toujours écoutées, tout le monde surveille tout le monde. Il y a de quoi devenir parano!
Politique révolutionnaire et religion n’ont pas toujours fait bon ménage. Entre 1960 et 1990, il fallait être discret dans sa pratique religieuse sous peine de sanction.
Aujourd’hui les églises sont de nouveaux remplies ! La plupart des cubains sont croyants et mêlent le catholicisme traditionnel à la santeria (religion rapporté par les esclaves d’Afrique).
Ce petit aperçu d’un autre Cuba plus authentique nous a donné envie de quitter Varadero pour découvrir le reste du pays…
C’est vraiment spécial cette loi sur le rationnement !! Est-ce que les cubains font pousser leur légumes et fruits ? Ont-ils leur propre jardin ?
Oui, beaucoup d’entre eux font pousser des légumes et des fruits là où ils peuvent. Quant au jardin, ça dépend de chacun ! Mais même en ville certains jardins communautaires sont apparus pour les habitants des immeubles.
Ravie de voir que Varadero n’est pas totalement dénuée d’intérêt. Sans compter que ton article est particulièrement instructif.
Varadero est même super à explorer ! Non seulement ses plages sont magnifiques mais en plus la ville recèle de petits trésors à découvrir.
niiiiiiiiiiiice pic
Comment faites vous pour savoir autant de choses sur Cuba alors que vous ne parlez pas espagnol ?
On parle quand même un petit peu espagnol (mais les cubains parlent très vite avec un accent assez difficile à comprendre vu notre niveau). On connaissait déjà l’histoire et la politique du pays grâce à des ouvrages spécialisés sur le sujet. En nous rendant sur place on a pu voir par nous même ce qu’il en était. On est très observateurs pendant nos voyages. L’ouvrage « Comprendre Cuba » aux éditions Ulysse peut être une bonne introduction sur le sujet si ça vous intéresse.