Un nouveau jour se lève sur La Havane, pas grand chose de prévu au programme. On aime se promener simplement dans ces rues chargées d’Histoire.
Pour notre dernière journée sur place on se met en route vers le Parlement, ou plutôt El Capitolio comme on l’appelle ici à cause de sa forte ressemblance avec le Capitole qu’on trouve à Washington D.C. aux USA.
Le bâtiment qui accueille maintenant le siège de l’Académie des Sciences de Cuba est en travaux et des échafaudages tout moches recouvrent la belle coupole de 61m de haut.
Nous sommes vraiment au cœur de l’histoire de Cuba et en quelque sorte au centre du pays puisqu’un diamant incrusté dans le sol du Parlement marque le « kilomètre zéro » de toutes les routes du pays.
En face du bâtiment les immeubles colorés mériteraient eux aussi un peu de réparation. Mais cet état de délabrement avancé n’empêche pas les gens de les occuper et de regarder la vie passer depuis la fenêtre.
L’endroit est très fréquenté puisque c’est le point de départ de nombreux tours en taxi pour les touristes qui veulent poser leurs petites fesses dans ces véhicules mythiques.
Les taxis sont tous alignés et c’est à celui qui aura la voiture la plus reluisante qui emmènera le plus de touristes!
Les voitures moins bien entretenues ou moins emblématiques comme cette vieille Fiat UNO (aussi appelée Griz Mobile pour les intimes) servent à transporter les locaux.
Non loin de là, il y a le Paseo del Prado, une allée piétonne marbrée d’un peu moins d’un kilomètre entourée d’arbres et coincée entre deux rues.
Sortez les cocorico, le pinard et les baguettes, c’est un architecte français qui a dessiné et créé cette promenade en 1772!
L’endroit est très prisé des cubains, jeunes et moins jeunes. Les petits vieux peuvent s’y promener à l’ombre sans risquer de se faire écraser et les ados viennent y faire du skate ou même draguer.
On remonte donc cet axe qui se termine presque dans la Baie de la Havane.
Ici les côtes ne sont pas super propres, le courant marin ramène un tas de trucs que les locaux ne prennent même pas la peine de nettoyer… Dommage.
En tout cas ça ne les empêchent pas de pécher de quoi manger.
En parlant de poisson… tout comme ce chat qui aimerait bien se mettre un truc sous la dent, nous aussi commençons à avoir faim. Aujourd’hui encore ça sera un sandwich vite fait. De toute façon on n’a pas trop le choix.
D’ailleurs ce petit graffiti en dit long sur les conditions de vie à Cuba. On ne saura jamais si l’artiste qui a fait ce dessin avait une revendication particulière mais en tant qu’étranger de passage on y voit pas mal de symboles.
Le chat a l’air blasé (un peu comme les cubains qu’on sent résignés face à leur destin) et tout ce à quoi il pense (ou peut espérer) est un vieux reste de poisson. Là encore le parallèle avec les cubains est flagrant puisque ce peuple privé de tout à cause de l’embargo ne peut que se contenter des restes qu’ils ont sur place! Boom! Analyse de l’art niveau « bistro ».
Autre scène de rue capturée et qui reste dans le même état d’esprit, ces deux cubains de deux générations différentes qui adoptent la même posture et semblent chacun rêver à un avenir meilleur.
Bon ok, là encore on peut interpréter comme on veut mais c’est un sentiment qu’on a pas mal ressenti en visitant ce pays.
Mais même si c’est difficile, les cubains semblent aimer leur petite île perdue dans les caraïbes à l’ombre de la superpuissance Américaine. À l’inverse, on a remarqué qu’ils aiment bien s’habiller avec des couleurs très « pétantes »!
Mention spéciale à cette mamie qui peut presque faire un arc-en-ciel avec tous ses débardeurs!
Si les cubains pleurent sur leur sort, ils pourront toujours dire que c’est à cause de ce gars qui se promène avec 10kg d’oignon dans la rue!
Finalement à force de marcher sans réel but, on se retrouve dans ce qui semble être le quartier chinois de La Havane. C’était vraiment inattendu, on n’aurais jamais cru voir ça ici. Encore une petite leçon d’histoire en temps réel! C’est dans ce quartier appelé Barrio Chino de La Habana que les travailleurs chinois habitaient quand ils ont immigré à partir de 1857 pour récolter la canne à sucre. Plus tard ils ont été rejoins et remplacés par les esclaves d’Afrique.
Ce quartier est le plus grand « Chinatown » d’Amérique Latine, il a accueilli jusqu’à 120000 travailleurs à qui on donnait un contrat de 8 ans sur place.
Les chinois se sentaient plutôt bien à Cuba, ils y avaient même trouvé refuge à plusieurs reprises. Par exemple au XIXeme siècle, quand 5000 d’entre eux qui vivaient aux USA et souffraient de discrimination ont choisi d’immigrer ici.
Tout se passait bien pour eux jusqu’en 1959, quand Fidel Castro a commencé sa politique révolutionnaire et que tous les propriétaires asiatiques qui étaient pourtant bien intégrés ont dû quitter le pays, laissant ainsi leur trace sur l’île. À part les bâtiments, il ne reste donc plus rien d’asiatique dans ce quartier.
Nous repassons devant la fabrique de cigares pour acheter un souvenir/cadeau. On nous dit qu’il n’y a pas de problème pour passer les frontières avec ça mais on doute un peu. De toute façon on le saura bientôt! Puis nous rentrons à notre casa particuliar reposer nos pieds qui ont bien marché aujourd’hui.
De retour au bercail, alors qu’on redescend du toit pour regarder un dernier coucher de soleil sur la ville, on croise la propriétaire de notre casa, elle nous tend une carte de réduc’ pour manger au resto de son cousin à quelques rues de là. Enfin, une réduc’ un peu particulière puisque elle nous permet d’avoir des boissons gratuites si on achète à manger.
Forcément, en voyage dès qu’on a une réduc’ on saute sur l’occasion et pour notre dernier soir à La Havane on a envie de changer des sandwichs et de profiter un peu.
On sort donc manger, l’endroit est bruyant et assez branché… pas vraiment notre genre, mais on se force un peu puisque l’ambiance et l’intérieur semble sympa, en en plus… FREE FOOD!
Après s’être installés, on tend notre carte au serveur, le mec passe un coup de fil comme pour vérifier qu’on vient bien de la casa particuliar.
On se choisit innocemment deux mojitos et le moins qu’on puisse dire c’est que les cubains sont généreux en alcool. Au bout de quelques gorgées on a tous les deux la tête qui tourne. On commençait pourtant à être habitués avec l’alcool à volonté du bar de l’hôtel. On attend que les plats arrivent pour mieux encaisser ça.
Cette fois-ci a bouffe est vraiment bonne! Mais ces mojitos sont vraiment très chargés en rhum! On est HS tous les deux et en voyage c’est jamais bon d’être dans cet état. Bourrés, on est des proies faciles et avec ma nature anxieuse je ne peux m’empêcher de penser au pire… Et si la proprio de notre casa était de mèche avec ce restaurateur pour mettre du GHB dans notre verre pour nous voler nos affaires ou nous égorger ou nous envoyer travailler avec les chinois dans les champs de canne à sucre?
Je me raisonne rapidement en pensant que si la proprio avait voulu nous voler ou nous tuer elle l’aurait fait depuis bien longtemps vu qu’elle a certainement un double de la clé de notre chambre…
Après avoir payé, le retour à la casa a été un peu périlleux. Il faut savoir que l’éclairage public est très limité et que la majorité des rues restent dans la pénombre la nuit ou ne sont même pas éclairées. Heureusement la casa n’était pas très loin, nous sommes rentrés nous coucher très rapidement après ça et les effets de l’alcool se sont fait sentir une bonne partie de la nuit. Ces derniers mojitos Havanais était vraiment très chargés!