Ça y est notre séjour à La Havane se termine aujourd’hui.

Nous prenons le petit dej’ sur le toit et comme nous devons faire un trajet de 3h en bus pour rentrer à Varadero on décide de chopper des tranches d’ananas dans un ziplock pour le trajet. De toute façon ce p’tit dej était bien trop copieux pour nos petits estomacs encore chamboulés par les mojitos atomiques de la veille.

Nous faisons nos adieux à notre pote Saucisse…

Retour périlleux à Varadero

Nous avons repéré l’adresse de la gare de bus sur le plan notre guide Lonely Planet, celle-ci n’est pas trop loin à pieds donc nous nous mettons en route. On n’est pas trop chargés vu que notre « gros » sac est resté dans notre chambre d’hôtel à Varadero. Comme d’habitude, on préfère marcher et faire des arrêts et détours comme bon nous semble que prendre le taxi d’un point A à un point B sans réel intérêt.

En s’éloignant du centre historique on voit la ville se transformer un peu. Il y a forcément moins de touristes… À vrai dire, il n’y en a plus du tout.

La rue est un peu plus chaotique, les taxis emblématiques sont toujours là mais rien de touristique à l’horizon, à part des boutiques de tout et de rien pour les locaux. On n’imagine pas un touriste ramener un set de 4 bols ou des draps de lits en souvenir de Cuba.

Retour périlleux à Varadero
Retour périlleux à Varadero

Après environ 4,5km on recommence à voir des bus remplis de touristes. Nous sommes à proximité de la « Plaza de la Revolución ». Encore un lieu célèbre et important dans l’Histoire de Cuba.

La station de bus est vraiment très proche de la place donc comme on a encore le temps avant d’acheter des billets on décide de faire un tour sur cette place.

Nous nous dirigeons tout de suite vers la grande tour en bordure de la place. C’est le Mémorial à José Marti un des héros de la révolution. Ce monument en marbre gris est haut de 139 mètres, ce qui en fait le bâtiment le plus élevé du pays. La vue du sommet offre une vue à 360° sur La Havane, obviously.

Retour périlleux à Varadero
Retour périlleux à Varadero

Pour info, il y des gens qui essayent d’arnaquer les touristes au pied de ce monument. Les gens (qu’on voit en jaune sur la photo ci-dessus) sont positionnés au bas de deux escaliers qui mènent à la plateforme, sauf qu’en passant 15m plus loin, on peut y monter par une route gratuitement.

Depuis la platerfome nous réalisons la grandeur de la place de la révolution! Nous sommes face à 72000m² de « vide »! Elle est entourée par de nombreux édifices abritant les principales institutions politiques et administratives du pays.

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La place a accueilli de nombreux événements révolutionnaires. Il y a eu des discours du Che ou de Fidel Castro qui ont rassemblé des millions de cubains. Les photos d’époque sont impressionnantes. Plus récemment la place a été aussi squattée par Jean Paul II.

Nous voilà aux pieds du ministère de l’Intérieur. Sur sa façade une structure métallique gigantesque représente le visage du Che.

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Une fois notre visite terminée, nous allons à la gare de bus. Sur place nous ne trouvons aucun endroit portant le logo de Viazul, la compagnie de bus réservée aux touristes. C’est mauvais signe…

On tourne dans la gare, aucun touriste à l’horizon. Direction le centre d’information. On dérange les deux femmes en pleine conversation de l’autre côté de la vitre. Après de longues et douloureuses minutes à essayer de comprendre les maigres informations qu’elles veulent bien nous transmettre un mec arrive à côté de nous et nous interpelle en anglais. Enfin de l’aide!

– Viazul?

– Oui!

– Suivez moi!

– Heu… ok.

On le suit comme des cons mais on se retrouve rapidement hors de la gare et le mec nous semble bizarre. Il marchait quelques mètres devant nous. On l’interpelle à notre tour.

– On peut savoir où on va?

– Suivez-moi, je vous emmène.

– Mais où?

– Viazul!

– Mouais…

Nous sommes à côté de plusieurs taxis garés, il interpelle l’un d’eux qui rapplique dans l’instant. On dit à notre gars qu’on veut le guichet Viazul, pas un taxi. Il nous dit que la gare de bus réservée aux touriste a été délocalisée récemment et qu’elle est à 25km d’ici!

On ne sent vraiment pas ce gars donc on lui dit qu’on préfère partir à pieds pour rapidement lui fausser compagnie. Il a dû nous prendre pour des fous mais tant pis…

Bon avec ça on n’a pas avancé du tout et on ne sait toujours pas si il dit vrai et comment on va s’en sortir. On retourne au point d’information. Les deux femmes lèvent les yeux au ciel en nous voyant débarquer à nouveau.

L’une d’entre elle fini par nous donner oralement une adresse (sortir un plan ou écrire le nom d’une rue sur un bout de papier semblait au delà de leurs compétences) et commence à s’exaspérer donc on n’insiste pas. On va s’assoir plus loin, le nez sur la carte de notre guide à la recherche de « zoologico ». Au bout de quelques minutes on repère cette rue dans un coin de la carte. Ouf sauvés! On se met en route à pieds, l’occasion pour nous de croiser encore quelques scènes de rue et prendre nos dernières photos à La Havane.

À Cuba pour s'en sortir, tous les moyens sont bons. Boutique improvisée sur un trottoir.
À Cuba pour s'en sortir, tous les moyens sont bons. Boutique improvisée sur un trottoir.
À Cuba pour s'en sortir, tous les moyens sont bons. Boutique improvisée sur un trottoir.

À Cuba pour s’en sortir, tous les moyens sont bons. Boutique improvisée sur un trottoir.

À peine 2km plus loin après quelques détours et avoir découvert une zone plus résidentielle de Cuba, nous arrivons enfin nez à nez avec la gare Viazul. Notre acolyte au taxi voulais donc bien nous embrouiller… Ou nous faire faire un tour de 25km en ville avant de nous déposer à la gare. Comme quoi notre expérience acquise dans d’autres pays se vérifie ici aussi: En voyage dès qu’on nous aborde c’est forcément un plan foireux.

Pas une minute à perdre, on entre pour acheter nos billets. À peine les portes franchies, nous arrivons dans un tout petit hall plein à craquer. L’endroit ressemble plus à un bureau de poste qu’une gare de bus. Une file d’attente impressionnante serpente dans la petite salle et un seul bureau semble ouvert. Comme la file d’attente fait des zig zag on entend une personne à peu près au milieu de la file dire qu’il est là depuis plusieurs heures! Ça nous semble hallucinant. Une seule femme de taille XXL vend des billets derrière son bureau, au rythme de 1 toutes les 15 minutes. Oui, on a chronométré.

Il fait chaud, il y a du bruit, au bout d’une heure on se rend compte qu’à ce rythme là on va obligatoirement rater le bus. Un peu plus tard, un touriste russe essaye de nous passer devant sans se gêner. À ce moment là j’étais déjà proche de mes limites donc j’lui ai rapidement fait remarquer son indélicatesse. Il a essayé de se justifier puis voyant que je tenais à ma place comme une moule sur mon rocher il a joué la sagesse en disant que c’était les vacances et que je devais me relaxer. Je lui ai alors fait remarquer qu’il était dans la même situation que moi et que son conseil s’appliquait à lui aussi. Bref, après ce petit combat de coqs qui n’a rien arrangé, l’ambiance avec nos voisins de file était encore plus pourrie. Près d’une heure plus tard (après avoir avancé d’environ 4 ou 5 places) Lise décide de partir à la recherche d’un plan B pendant que je garde MA PLACE gniii.

Au bout de quelques minutes, elle revient un peu dépitée et m’apprend qu’elle a été dans la zone d’embarquement pour voir si il n’y avait pas moyen d’acheter un billet ailleurs qu’à notre pire employé administratif de la Terre. Un bus complet venait de partir pour Varadero et selon l’employée avec qui elle avait parlé nous n’avions pas d’autre solution que de retourner faire la queue. On prend notre mal en patience, le prochain bus part à 18h, d’ici là l’autre aura peut-être accéléré la cadence.

Finalement quelques dizaines de minutes après ça, une blonde dans la trentaine vient nous voir dans la file et nous demande en français avec un léger accent belge si on veut partir avec elle dans un taxi…

Oulala c’est quoi cette nouvelle embrouille?

Elle nous explique qu’elle a entendu Lise demander des infos au guichet et elle aussi souhaite rejoindre Varadero au plus vite. Elle dit avoir déjà organisé et négocié le trajet avec un taxi à l’extérieur. 12CUC par personne pour 2h de route en taxi comparé à 10CUC par personne pour 3h de trajet en bus. Le programme semble alléchant mais d’une, quelques heures plus tôt on avait déjà essayé de nous proposer un plan foireux et de deux, après tant d’attente, je ne veux pas abandonner MA PLACE!

Elle a l’air pressée, elle nous dit que le taxi attend dehors avec ses affaires dedans… On doit se décider vite. La situation dans cette gare de bus semblait tellement désespérée qu’on choisi cette nouvelle option qui s’offre à nous. Advienne que pourra, après plusieurs heures à faire du sur place et être énervé, un peu d’aventure et d’inattendu ne nous fera pas de mal, on la suit en espérant ne pas changer d’avis rapidement parce que le Russe qui a assisté à tout ça ne risquera pas de nous rendre notre place…

Nous voilà à l’extérieur, on rencontre notre chauffeur. La belge échange en espagnol avec lui, elle parle parfaitement la langue, on ne comprend rien. Quelques minutes plus tard, notre sac rejoint les valises de la belge dans le coffre.

Et une fois les ceintures bouclées et le moteur démarré on commence à se demander si on a bien fait. Dans la précipitation, on a suivi sans réellement réfléchir, le « taxi » ne porte aucun signe officiel de taxi… De plus, en moins de 5 minutes dans la voiture, la belge assise à l’avant échange non-stop avec le chauffeur, il lui prête même son smartphone pour qu’elle passe un appel…

Sur la banquette arrière, incapables de comprendre ce qu’il se passe on s’imagine plein de trucs. Comme la belge parle français et qu’on n’a pas envie qu’elle nous entende, on se met à écrire dans un bloc-note sur notre portable pour s’échanger des messages.

« si ça s’trouve ils se connaissent, ils vont nous emmener dans un coin pour nous dépouiller et nous abandonner dans un endroit paumé »

« ou alors, ils veulent faire le trajet et ils nous utilisent pour payer les frais d’essence »

Jusqu’à présent en voyage notre méfiance nous plutôt bien réussi mais là on atteint le stade de la parano. Au bout d’un moment la belge se retourne vers nous et commence à nous parler. Elle se présente enfin et nous explique un peu ce qu’il se passe. Encore un peu et on était sur le point de sauter de la voiture en marche! héhé

Elle s’appelle Isabelle, comme on le soupçonnait elle est belge et vit entre Panama et la Colombie. Son job: « accompagnatrice » pour les touristes qui veulent rejoindre la Colombie depuis le Panama. La frontière entre ces pays étant un peu spéciale.

Notre chauffeur qui écoute un peu ce qu’on raconte lui demande si elle est une passeuse et si elle fait partie d’une mafia. Rolala on commençait tout juste à se détendre que le sujet revient sur la table. Sur le ton de la rigolade, Isabelle lance à notre chauffeur que lui ressemble à un mafioso avec ses vêtements de marque et ses lunettes de luxe! Rolala on espère que le mec n’est pas susceptible parce qu’avec des blagues comme ça on va vraiment finir sur le bord de la route… Et honnêtement, il n’a pas l’air de s’être payé sa voiture en vendant des paquets d’allumettes sur le trottoir, if you see what I mean.

Vitres teintées avec un "trou" en forme de logo Apple (pour voir dans le rétro), le summum du pimp à Cuba!

Vitres teintées avec un « trou » en forme de logo Apple (pour voir dans le rétro), le summum du pimp à Cuba!

Finalement on parle de tout et de rien avec elle, ça fait plusieurs mois qu’elle n’a pas parlé français et ça lui fait du bien nous dit-elle. Et on la croit vu son débit de parole. Elle connait bien Cuba parce qu’elle y a des proches à qui elle a rendu visite justement quelques jours plus tôt. Elle nous explique que le rationnement est vraiment un problème dans les zones plus isolées. Dans le coin où elle était après 6 mois de pénurie, il y avait enfin eu une livraison d’œuf et tout le monde dans le village se promenait avec des cartons entiers d’œufs!

On hallucine aussi quand elle nous dit que dans ce même village, ses proches lui avaient demandé de ramener du shampooing parce qu’ils n’en avaient pas eu depuis deux ans! Deux ans! Au moins ils risquent pas de voir Nabilla débarquer à Cuba.

Au bout d’un moment on double le bus qui nous était passé sous le nez à La Havane. On arrivera même avant eux!

Puis notre chauffeur prétexte une envie de pisser. Personne dans la voiture n’a envie de s’arrêter mais lui insiste… Ok, ça y est on va y passer! Il s’arrête en bordure de route devant une casa toute délabrée.

On sort pour se dégourdir les jambes pendant que notre chauffeur va voir le papy qui habite la maison. Isabelle ne semble pas rassurée, c’est mauvais signe. Par précaution et par réflexe on prend tous en photo la voiture afin d’avoir une trace de la plaque, au cas où il se barre avec nos affaires.

Pas vraiment le taxi typique à Cuba.

Pas vraiment le taxi typique à Cuba.

Notre chauffeur est parti pisser à l’arrière de la casa, le papy nous interpelle pour nous proposer d’acheter un truc à bouffer. C’est à ce moment là que je rappelle que j’ai mes vieilles tranches d’ananas dans mon ziplock depuis le matin même, elles sont toutes chaudes et plates mais ça sera sûrement meilleur que le vieux sandwich qu’il vient de servir à notre chauffeur. Lise a vraiment faim et commande un de ces sandwich douteux malgré mes mises en garde. La viande et le pain sont tout secs, le vieux fromage qui accompagne le tout ne semble pas de toute fraîcheur non plus.

Moins de 10 minutes plus tard, tout le monde est de retour dans la voiture, il doit rester moins de 45min de route.

Isabelle nous dit qu’elle reste méfiante avec les taxi à Cuba sur les longues routes comme celles qu’on emprunte parce qu’elle a déjà eu des problèmes avec des chauffeurs qui avaient embarqué des gars qui l’avait tripotée… Comme quoi on n’est jamais trop prudents et un peu de parano ne fait pas de mal.

Nous approchons enfin de Varadero, on doit passer un péage avec des policiers dans le coin… On s’apprête à faire une poker face et on retient un peu notre souffle surtout avec une blonde à l’avant. En effet, les cubains n’ont pas le droit de prendre des étrangers dans leurs voitures, sauf si ils sont ses amis. Vu que notre vocabulaire espagnol comporte au grand maximum 10 mots, on aurait eu du mal à faire croire qu’il était notre ami…

Finalement tout se passe normalement, le mec nous dépose devant notre hôtel, on le paye, on souhaite bonne continuation à Isabelle et on la remercie chaudement parce que sans elle on serait encore entrain d’attendre à La Havane dans une pièce de 50m²…

Nos affaires à peine déposées, on s’ouvre la noix de coco qu’on avait gardé dans le frigo de notre chambre et nous reprenons nos bonne habitudes de touristes de base en all inclusive: on va voir le bar avec nos beaux bracelets verts pour chopper des bières et aller se remettre de nos émotions sur la plage.

Retour périlleux à Varadero
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Retour périlleux à Varadero

La vie à varadero est bien plus paisible, ce sont des vacances dans les vacances après ces quelques jours à trotter dans La Havane qui ont été chargés en découverte!

Le soleil se couche sur Cuba, les taxis de Varadero font faire des aller-retour aux touristes sur Avenida Primera (l’axe principal de la ville). Nous passons manger au buffet et c’est bien fatigués que nous retournons dans notre chambre. Même le spectacle de magie proposé par l’hôtel ce soir là ne nous empêchera pas de dormir.

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